Chroniques Tome II

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CARENCE DE L'ASSEMBLEE

Nous ne porterons pas ici de diagnostic sur l'avenir d'une Assemblée réputée ingouvernable, où l'on attend toujours qu'une certaine chose mûrisse, alors que cette chose risque plutôt de pourrir. Et les institutions avec elle. « Qu'on se mette vite d'accord sur un programme, disent les uns, et qu'on l'exécute! »

C'est un enfantillage. Les problèmes de majorité sont toujours des problèmes de programme, et inversement. Nous l'avons souvent dit, il n'y a pas une seule question sur quoi l'on puisse accorder les groupes parlementaires, que la représentation proportionnelle a multipliés et juxtaposés dans un irritant déséquilibre. Mieux encore, notre byzantinisme doctrinal divise aujourd'hui les partis à l'intérieur d'eux-mêmes, ainsi qu'on a pu l'observer lors de récents scrutins d'investiture. On applaudit les déclarations des présidents désignés quand elles évoquent les objectifs de redressement et de prospérité. On renvoie ces mêmes hommes à leurs méditations quand ils commencent à s'expliquer sur les voies et moyens, parce que les partis opposent leurs méthodes contradictoires ou parce qu'ils défendent jusqu'à l'absurde des clientèles différentes, mal définies d'ailleurs et qui donnent une idée inexacte de la géographie sociale de la France.

(20 juin 1953)