Résistant

 

“Quand il faudra dresser des listes, quand on tentera de raconter les supplices sans nom dont nos prisons sont le théâtre, c’est des livres qu’il faudra.

Je voudrais, faute de pouvoir évoquer ce martyrologe, vous rappeler au moins un fait, un seul fait : la mort tragique d’un tout jeune homme, presque un enfant, Guy Moquet, qui fut au nombre des fusillés de Châteaubriant.

A 16 ans, en seconde, au lycée, il avait été accusé d’avoir pris part à une distribution de tracts, c’était faux. Mais on voulait atteindre en lui le fils d’un député, aujourd’hui membre du Comité d’Alger.

En mars 41 le tribunal avait acquitté ce gamin. Les autorités d’occupation s’opposent à sa libération. De Fresnes, où il était, on l’emmène au camp de Châteaubriant. Son attitude, son application à l’étude sont exemplaires. Cela n’empêche pas qu’on le porte sur la liste de ceux qui vont être exécutés. Le métallo Rimbaud se propose pour remplacer ce gosse au poteau. Vaine générosité. Guy Moquet est abattu.“



                   Extrait d’une allocution prononcée au camp de Granges-Lens (Suisse)

                   le 14 juillet 1944

                   devant les réfugiés politiques français et belges.

En 1938, il devient rédacteur en chef du Républicain Orléanais. Les bombardements de mai-juin 1940 le contraignent à quitter Orléans pour la ville de Bordeaux où il travaille pendant quelques mois à La Petite Gironde. Les locaux du Républicain Orléanais détruits, les propriétaires bordelais font l'acquisition des installations du Journal du Loiret (ancien quotidien orléanais de droite racheté avant guerre par deux éditions hebdomadaires) afin de permettre la publication d'un nouveau titre, Le Républicain du Centre, seul quotidien local autorisé sous l'occupation. Un nouveau rédacteur en chef est nommé et Roger Secrétain traite alors surtout de l'information locale : déblaiements de la ville, reconstruction, problèmes de ravitaillement, urbanisation future. Expulsé du journal en 1942, il entre en contact avec des milieux parisiens d'obédience politique différente mais tous animés par le même refus de l'occupant. Dans l'hiver 1942-1943 il constitue, sous le pseudonyme d'Alfonso le groupe orléanais du mouvement national "Libération Nord" avec Pierre Segelle (alias Clovis). Placé sous la présidence d'André Dessaux, ce petit groupe rassemble entre autres son beau-frère Georges Carré, le docteur Chevallier, le docteur Grosbois, Robert Goupil, Paul Sougy et Charles Rochet et il se réunit régulièrement à l'hôpital d'Orléans. Cette formation locale de "Libération Nord" accueille et protège des évadés et parachutés et entretient le contact avec Londres.

Avec l'assentiment de la préfecture, Roger Secrétain crée "un bureau d'enquêtes cantonales" censé effectuer des recherches historiques, géographiques et économiques. En fait, les étudiants réunis au sein de cette structure sont des agents de liaison qui établissent le contact avec des groupes locaux de résistants. Suite à deux vagues d'arrestation en octobre et décembre 1943, le réseau "Libération Nord" est décimé. Roger Secrétain parvient de peu à échapper à une rafle et se cache en région parisienne. Il trouve asile dans une clinique où il rencontre le professeur Debré. Il y demeure jusqu'en février 1944, date à laquelle il part pour la Suisse dans l'espoir de rallier Londres. Il est arrêté à la frontière helvétique et est interné à Sion dans un camp de "réfugiés politiques". Profitant de ce séjour forcé, il rédige son "journal de résistance", non édité mais déposé au Centre Charles Péguy à Orléans.

Il revient dans sa ville natale le 20 septembre 1944, soit un mois après la Libération du département. A peine de retour dans l'orléanais, le Comité départemental de Libération lui confie la réalisation et la gestion de La République du Centre, journal qui succède au Républicain Orléanais d'avant guerre et au Républicain du Centre, dont le premier numéro paraît le 27 septembre 1944. Rédacteur en chef du journal en 1944, il en devient le PDG en 1945 jusqu'à sa disparition en 1982, partageant ainsi son temps entre ses activités journalistiques et politiques.